lundi 14 décembre 2009

N°15 Sécurité, sûreté, libertés privées et publiques ?


On entend des politiques asséner « la première des libertés, c’est la sécurité », ce qui n’a rien à voir avec nos textes fondamentaux, de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789

au préambule de notre constitution, en passant par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui, au contraire, soulignent la liberté d’aller et de venir et notre droit à la sûreté, c’est à dire notre garantie contre les arrestations et les pénalités arbitraires. « Pour moi, la plus grande menace c’est qu’à échéance, il y ait une conjugaison de l’ensemble de ces dispositifs [de surveillance]. C’est pour cela que je crains l’endormissement : les gens ne se rendent pas compte qu’il y a mise en place autour d’eux d’un certain nombre de technologies qui [...] isolément, peuvent ne pas inquiéter, mais qui peuvent de manière non visible s’interconnecter et au fond augmenter leur puissance commune. Et cela ne se voit pas. C’est peut-être dans dix ou quinze ans qu’on pourra dire : finalement, tout a changé, notre sphère de liberté s’est réduite, mais on n’en était pas vraiment conscient. C’est un peu comme quand on est au bord d’un lac en train de s’assécher. Au début, vous ne vous en rendez pas compte, et un jour le lac est presque sec »,

Alex Türk, président de la CNIL ( 7).


source : collectif démocratie et libertés

mercredi 9 décembre 2009

N° 14 Pourquoi craindre d’être filmé, puisque je n’ai rien à me reprocher ?



Qui définit aujourd’hui les critères des bons et des mauvais comportements ? Comment seront-ils définis demain ? Qui sera derrière les écrans ? N’ayant rien à nous reprocher, pourquoi devrions-nous accepter d’être filmés en permanence, dans nos itinéraires, nos rencontres... comme si nous étions tous des suspects potentiels ? La CNIL elle-même alerte sur les insuffisances et les ambiguïtés des lois régissant la vidéosurveillance. « La question n’est pas est-ce que l’on a un reproche à se faire, la question est de savoir si une dérive dans l’usage d’une technologie peut aboutir, consciemment

ou non, à notre insu ou non, à réduire le champs d’exercice de nos libertés. Et de ce point de vue, la possibilité de tracer des individus [...] crée un véritable risque », Alex Türk, sénateur divers-droite et président de la CNIL (7).


source : collectif démocratie et libertés

mardi 8 décembre 2009

N°13 Qui surveillera les surveillants ?

the watchmen

Sont annoncés la création d’une charte d'éthique et d'un comité d'éthique de dix personnes désignées de façon «indépendante». Tout citoyen pourra demander à consulter les images le concernant, et parfois recevoir une réponse positive à sa demande. Intérêt pour le citoyen ?!?



source : collectif démocratie et libertés


lundi 7 décembre 2009

N°12 Qui sera derrière les écrans ? Quelles garanties de confidentialité ?


Il est prévu que 2500 “agents habilités” visionnent les images. Une cinquantaine de sites d’exploitation est envisagée et environ 300 postes de visionnage. La préfecture de police prévoit de sous-traiter la vidéosurveillance au secteur privé, et le projet de charte d’éthique indique qu’il y aurait au moins deux policiers dans la salle de visionnage. Il est donc clair que ce sont des salariés du sous-traitant qui seront derrière les écrans. Or des incidents récents ont montré que même un commissaire de police est susceptible de diffuser des images confidentielles sur internet. Qu’en sera-t-il avec des systèmes gérés par le secteur privé ?


source : collectif démocratie et libértés

dimanche 6 décembre 2009

N° 11 Dépenser 300 millions d’Euros, pourquoi faire ?

immeuble à énergie passive



L’insécurité aujourd’hui est avant tout sociale : risque de perdre son emploi ou de ne pas en trouver, de ne pas être soigné correctement, de ne pas trouver un toit... Et les politiques du tout répressif ne rendront pas nos rues plus sûres. Nous n’avons pas besoin de caméras, mais de politiques renforçant la cohésion sociale, pour une société non de surveillance, mais de solidarités. 300 millions d’Euros, c’est 25 crèches neuves, c’est la contribution de la Ville à la réhabilitation thermique de 8000 immeubles, c’est le coût de 670 agents de la Ville sur 15 ans !


source: collectif démocratie et libertés

vendredi 4 décembre 2009

Copenhague 2009 et la viande ?


Effet de serre selon l'alimentation
par personne et par an en équivalant kilomètre automobile





Besoin en eau des aliments



Surfaces de sol nécessaires pour la production d'un kilo de :


L'appel des 10

Nous exigeons dès aujourd'hui une reconnaissance de l'impact de la viande sur l'environnement, la sous-alimentation humaine et la souffrance animale. Nous réclamons un moratoire sur l’élevage intensif et des mesures énergiques pour faire baisser la consommation de produits d'origine animale.

Nous appelons l'ensemble des citoyens à nous rejoindre dans ces revendications.

    Rejoints par

  • Yves Cochet, député Verts de Paris, ancien Ministre


N°10 Où va l'argent ?


La plus grosse partie reviendra à des entreprises privées, grâce aux possibilités de « partenariat » public/privé offertes par la LOPSI (loi de 2002). Une fois les installations réalisées, il est prévu de verser un « loyer » au sous- traitant de 6 millions d’Euros/an – soit l’équivalent de 200 emplois qualifiés, TTC ! Ce type de partenariat se développe en Europe : dans certains des pays de l’UE, l’effectif policier privé dépasse l’effectif public. La France était jusqu’à présent « à la traîne », mais tout est fait pour qu’elle rattrape son « retard » et qu’une bonne partie des missions de police de l’Etat soit confiée à des entreprises privées. .La vocation du secteur privé étant de développer son marché afin d’augmenter sa profitabilité, on peut se demander à qui profitera le crime ! « C’est une gigantesque façon de détourner l’argent public » souligne Noé Le Blanc, journaliste, qui rappelle que le président de la Commission nationale de vidéosurveillance, mise en place par le ministre de l’intérieur, est aussi le président de l’Observatoire national de la délinquance et celui d’une société privée de conseil en installation de solutions de vidéosurveillance. En langage technique, il s’agit d’un « conflit d’intérêts »... interdit par la loi.


source:collectif démocratie et libertés

jeudi 3 décembre 2009

Les députés Europe écologie, Copenhague et le nucléaire


Face à l'émotion suscitée par le vote des députés européens du groupe Verts/ALE sur la résolution sur le sommet de Copenhague,le 25 novembre dernier. il nous semble important de remettre les choses en perspective et d'expliquer les raisons de ce vote. Nous ne sommes évidemment pas devenus - qui pourrait d'ailleurs sérieusement le croire - des partisans du nucléaire; nous sommes au contraire toujours le seul groupe unanimement anti-nucléaire au sein du Parlement européen, comme les votes sur cette résolution le démontrent.


Lors de ce vote, nous avons eu un choix à faire. Comme souvent au Parlement européen, où tous les groupes politiques sont parties prenantes dans les négociations, nous nous sommes retrouvés face à un texte final dans lequel nous avions obtenu des points positifs et d'autres sur lesquels nous avions perdus. En l'occurrence, nous avions sur ce texte obtenu énormément d'avancées, en faisant le mandat quasi parfait pour l'Europe à Copenhague : obligation d'un accord international contraignant d'ici la fin de l'année, objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre domestiques proche de 40% d'ici 2020, soutien aux pays du Sud d'un minimum annuel de 30 milliards d'euros en supplément de l'aide public au développement font, entre autres, de ce texte le seul mandat de négociation compatible avec la science et la responsabilité de l’Union européenne.


Si cette résolution est aussi ambitieuse, et si elle constitue l'un des meilleurs mandats au monde pour Copenhague, c'est grâce à l'acharnement et au travail des députés du groupe des Verts/ALE, dans toutes les commissions parlementaires, qui, lors de la négociation préparatoire, ont réussi à arracher tous les points positifs un à un, et à rejeter tous les points négatifs que certains tentaient de faire passer.


Mais il y a eu ce fameux amendement du groupe PPE (dont font partie les députés UMP) en faveur du nucléaire, malheureusement adopté grâce au soutien de la droite et de quelques voix à gauche, comme celles de Jacky Hénin et de Marie-Christine Vergiat du Front de gauche. Nous nous sommes évidemment unanimement opposés à cet amendement. Quelques secondes plus tard, notre amendement demandant l'exclusion du nucléaire du Mécanisme de développement propre et de tout mécanisme de soutien aux pays du Sud, fût rejeté, là encore par tous les députés de droite et quelques voix de gauche dont Jacky Hénin et Jean-Luc Mélenchon.


Nous aurions alors bien sûr pu faire le choix de l'abstention pour marquer notre désapprobation face à cette réintroduction du nucléaire dans un texte où il n'avait rien à y faire. Il s'agit en effet d'une résolution qui traite d'abord du contenu d'un bon accord pour Copenhague, pas du mix énergétique de l'UE. Cet amendement est un mauvais coup porté par la droite qui avait de plus perdu sur ce point lors du vote en commission parlementaire.


Le groupe des Verts/ALE, qui avait anticipé cette situation la veille lors de sa réunion de groupe, a estimé plus efficace politiquement de soutenir le texte final afin que la délégation officielle du Parlement européen qui se rendra à Copenhague puisse s'appuyer sur une résolution très largement soutenue pour porter les très bonnes dispositions rappelées ci-dessus. De plus, face aux ambiguïtés et aux tergiversations des Etats membres et du Conseil dans la préparation de Copenhague, il nous a semblé important d'affirmer la position du Parlement européen.


Il ne s'agit pas d'un texte qui engage la politique énergétique de l'Europe pour les 50 prochaines années mais d'une position politique à usage immédiat et limité dans le temps, celui du sommet de Copenhague. Par ce vote, nous n'avons pas proclamé le nucléaire comme solution pour faire face aux changements climatiques, nous n'avons pas décidé de la construction d'un nouvel EPR ou incité les Etats membres de l'UE qui n'ont pas recours au nucléaire à le faire. Il est évident que nous aurions voté contre si l'adoption de ce texte avait pu avoir une quelconque conséquence concrète sur le recours au nucléaire.


Notre mobilisation contre le nucléaire et toute tentative visant à le promouvoir, que personne n'en doute, reste évidemment sans faille. Tous les membres du groupe des Verts/ALE sont des anti-nucléaires notoires que l'utilisation d'un vote sorti de son contexte ne saurait remettre en cause.


Amitiés,


Les députés européens Europe Ecologie, du groupe Verts/ALE


François Alfonsi - Sandrine Bélier - Malika Benarab-Attou - Jean-Paul Besset- José Bové - Pascal Canfin - Daniel Cohn-Bendit - Karima Delli - Hélène Flautre - Catherine Greze - Yannick Jadot - Eva Joly - Nicole Kiil-Nielsen - Michèle Rivasi

dimanche 29 novembre 2009

La Rotonde de Stalingrad, un joli cadeau pour Cofitem-Cofimur

Lu sur le blog de l'élu vert Bernard Jomier

La rotonde de Stalingrad - anncienne barrière d'octroi et ex-siège de la Commission du vieux Paris- a été concédée par la Ville à la société Cofitem-Cofimur pour y réaliser un restaurant. C'était en 2007. Deux ans plus tard, un confortable avenant financier a été présenté au Conseil municipal du 16 Novembre dernier.

Dans le projet initial, qui a valu à la société Cofitem-Cofimur d'obtenir la gestion de ce magnifique bâtiment, il est prévu la création d'un restaurant et d'un espace d'expositions.

Alors que les travaux ont démarré, la société Cofitem-Cofimur a demandé une rallonge financière confortable : une exonération de reversements pendant 5 ans et un abaissement de ceux-ci ensuite ! Soit un cadeau de plus d'un million d'euros !

Qui est Cofitem-Cofimur ? Il s'agit d'une société de crédit-bail immobilier dont le capital est détenu essentiellement par de grands groupes d'assurances. Elle est cotée sur le second marché de la bourse de Paris. Son bilan financier est enviable : plus de 244 millions de fonds propres, 45 millions de cash-flow, un bénéfice net de 10 millions d'euros pour le premier semestre 2009, et un dividende par action qui ne cesse de progresser depuis 10 ans pour atteindre environ 4 euros par action de 15 euros... Bref, une société très rentable, aux bénéfices solides.

Cette société a donc obtenu en 2007 la gestion de la rotonde de Stalingrad moyennant une convention financière dont chacun imagine qu'elle a su la négocier à bon compte.

Eh bien, 2 ans plus tard, Cofitem-Cofimur vient donc réclamer 1 million d'euros supplémentaires à la Ville. Au Conseil du 19e, je suis intervenu pour dénoncer cette rallonge financière cédée à une société qui n'en a aucun besoin. Voir les finances publiques utilisées pour augmenter encore et encore le dividende d'actions de grands groupes d'assurance est indécent. PS, UMP et PC n'ont rien trouvé à y redire.

On a vu le gouvernement se montrer particulièrement généreux avec les grandes banques. La Ville de Paris n'a pas à suivre cet exemple désastreux. Cofitem-Cofimur n'en a pas besoin.

samedi 28 novembre 2009

CAP 21 Haute Normandie quitte le MODEM pour rejoindre Europe Ecologie



Après ceux de Paca et du de Languedoc-Roussillon, les adhérents de CAP 21 de haute Normandie quittent le MODEM pour rejoindre Europe Ecologie.

Communiqué de Cap 21 Haute Normandie:

Régionales 2010: Cap 21 Huate-Normandie fait le pari de la cohérence.

Il existe entre le Modem et Europe Ecologie de nombreuses convergences sur l’urgence sociale économique et démocratique dans notre pays et nos régions. Cependant, alors que s’opèrent ces convergences, il se distingue à l’intérieur du Modem des divergences quant aux méthodes pour atteindre le même but : établir une société démocratique et équitable dans un environnement le mieux préservé possible et une économie locale créatrice d’emplois durables et non délocalisables basés sur des filières de formation pérennes.

Certains adhérents Modem voudraient établir une social-démocratie productiviste basée sur la croissance, la relance de grands travaux, de l’automobile et du nucléaire (adhésion au projet titanesque de Grand-Paris, contournement Est, EPR, maintien de l’agriculture intensive, défense des intérêts de grands groupes pétrochimiques…) et veulent ajuster à la marge le capitalisme financier.

La social-démocratie a pu être un modèle pertinent et efficace en Europe (même s’il n’a jamais vraiment été adopté en France). A l’heure où ce modèle peine à se renouveler et à affronter les défis du siècle nouveau, est il nécessaire d’essayer de le construire à contretemps en France et dans nos régions? Ne devons nous pas plutôt inventer une éco-démocratie basée sur un nouveau contrat social et de nouveaux indicateurs de développement humain, sur la reconversion écologique de l’économie, sur le soutien aux PME-PMI et non aux grands groupes sur l’innovation technologique, les énergies renouvelables et une agriculture biologique garante d’une alimentation de qualité?

CAP 21 Haute-Normandie défend cette seconde option et estime qu’elle n’est pas compatible avec la première. C’est pourquoi, considérant l’avancement des travaux préparatoires d’Europe Écologie Haute-Normandie et des Mouvement Démocrate 27 et 76 auxquels Cap21 Haute-Normandie a fortement contribué, considérant la priorité accordée ou non à la construction d’un projet fédérateur que ne saurait remplacer l’appel incantatoire aux valeurs partagées, considérant les convictions et les options programmatiques (qui sont toutes respectables bien qu’incompatibles avec les nôtres), nous avons décidé après consultation des adhérents entre les 13 et 15 Novembre de faire le pari de la cohérence sur un projet plutôt que sur une étiquette politique et de rejoindre Europe Écologie dans un large rassemblement des écologistes, des démocrates et des citoyens qui font le choix de l’imagination, de la complémentarité et de la confiance mutuelle pour mettre l’écologie au cœur de l’action publique régionale pour la prochaine mandature.

Cap21 est un parti charnière entre l’écologie et la démocratie et nous affirmons que l’urgence écologique et sociale n’est pas dissociable de l’urgence démocratique. Nous nous emploierons donc à porter ce message au sein d’Europe Écologie Haute-Normandie en présentant plusieurs candidats Cap21 au sein de cette liste.

Nous invitons à nous rejoindre tous ceux et celles qui dans les rangs démocrates souscrivent à cette démarche, et à signer L’appel des écologistes haut normands pour les régionales 2010.


vendredi 27 novembre 2009

Le futur de la musique

David Guetta

Par laurent Chambon
article publié sur le site Minorités

À l'occasion de l'Amsterdam Dance Event, Minorités est allé interroger les experts, les DJs, les musiciens et les mélomanes. On a beaucoup parlé de technique, de téléchargements et de droits nouveaux, mais la question qui taraude tout le monde est: quel est le futur de la musique. Si elle n'a jamais été aussi omniprésente, cela fait plusieurs décennies qu'elles n'a jamais aussi peu aidé ses auteurs à vivre.


La musique c'est magique. On est bien ensemble quand elle est belle. On danse dessus, on baise dessus, on l'échange, on en parle sans fin... Surtout, la musique semble réussir là où la société a raté: les Noirs y sont libres et riches, les femmes belles et indépendantes, les gays s'amusent et ont la vie facile, et même les pauvres ont une chance de devenir riche. Mais la magie est en train de laisser la place à une sorte de chaos étrange que personne ne semble comprendre. État des lieux...


Un changement technologique

Un problème auquel pour l'instant personne n'a de solution est dû à une révolution technologique plus ou moins due à Steve Jobs, le gourou d'Apple. Il est en effet le premier à avoir compris qu'une révolution était en train d'avoir lieu avec la virtualisation de la musique: dès qu'on a un accès internet, un ordinateur et un iPod, plus besoin d'accumuler les CD ou des vinyles. Tout est stocké sur des serveurs en ligne et l'information peut être copiée quasiment gratuitement sur votre ordinateur, votre iPod et désormais presque n'importe quel appareil avec des hauts-parleurs ou une prise pour casque, et à l'infini.

L'industrie de la musique avait basé son modèle économique sur la rareté de l'objet. Il fallait des ressources matérielles et logistiques pour presser des disques et les distribuer au peuple dans des magasins spécialisés. Maintenant qu'un fichier musical est reproductible et distribuable à l'infini pour un prix proche de zéro, quel intérêt peut avoir une industrie chargée de la production et de la distribution d'objets qui peuvent désormais l'être gratuitement?

La fonction de recommandation

Dans le système industriel qui a été à son apogée dans les années 1990, les maisons de disques qui avaient créé leur légitimité sur un savoir faire technique (en gros, presser et distribuer des disques) et sur une fonction de prescription (un rapport étroit et très trouble entre clubs, radios, télévisions, magasins de disques et lieux branchés) se sont vautrées dans l'argent facile. L'assistante de l'assistant de la maquilleuse de Madonna arrivait en Jaguar et avait une secrétaire. On célébrait la sortie du dernier album de Michael en Concorde et backstage tous les abus étaient permis tant l'argent coulait à flot. Drogue, sexe, caprices de star et lifestyle de folie allaient de pair avec cet oligopole.

Le problème est que les DJs, ceux qui se sont forgés un nom sur leur faculté à sélectionner la bonne musique pour les masses, sont devenus des outils de promotion mercantile. Au point que le terme désigne désormais soit un pousse-disque qui parle vite et bêtement sur une radio avec une voix beaucoup trop compressée, ou une semi-star qui lève les bras dans des stades en promouvant un programme radio, une ligne de vêtements et d'autres grand-messes dans des stades.

Si ces gens là n'ont plus un rôle ni de distribution, ni de sélection de la substantifique moelle pour les masses, à quoi servent-ils?

Une production de moins en moins chère

Outre l'effondrement du prix de la distribution de la musique, le coût de sa production a aussi fortement baissé. Franchement, entre une production à un million de dollars de certaines stars et les albums faits à la maison de quelques artistes inspirés, il n'y a aucune baisse de qualité. Pour produire un disque, il suffit d'un ordinateur, de quelques programmes facilement piratables, éventuellement d'un bon microphone et de quelques câbles. Le coût de production n'est pas financier ou matériel, il est humain: pour faire de la bonne musique il faut des artistes inspirés qui y travaillent dur.

Mais il n'est pas besoin d'une maison de disques avec des budgets faramineux pour sortir des sons agréables, quel que soit le genre choisi (à part le classique peut-être, et encore...). Donc le coût de la musique n'est plus matériel, il est purement humain: à combien estimez vous les longues années d'apprentissage, l'écoute attentive de milliers et de milliers de chansons pour se former une culture musicale et les mois de travail d'un artiste derrière son Mac que représentent une nouvelle chanson réussie? Rien du tout, cent euros, mille euros, un million, dix millions?

Si vous êtes noir ou indien, vos années de travail valent-elles autant que celles de Carla? Si vous êtes jeune et beau, votre jeunesse et vos avantages génétiques compensent-ils l'expérience et doivent-ils être estimés au même prix que quelqu'un qui bidouille ses claviers depuis 40 ans?

Quand vous payez 99 centimes une chanson, pourquoi celui qui a passé tellement de temps et d'efforts ne touche finalement que quelques centimes? Qu'est-ce qui justifie que ce soit une maison de disques qui ne fait plus son travail qui s'enrichisse le plus?

On parle de piraterie, de téléchargements illégaux, du futur de la musique, des souffrances de l'industrie, mais je n'entend personne m'expliquer exactement comment les artistes, ceux qui sont à la source de ces chansons qui vous font vibrer ou danser, seront ceux qui seront récompensés par le raccourcissement de la chaîne entre l'artiste et son public. Est-ce vraiment normal qu'on parle de chance alors qu'on vit dans le mythe d'une société méritocratique?

La diversité

Par ailleurs, pourquoi les minorités sont-elles tellement présentes en amont, dans la fabrication des sons, des grooves ou des tubes, et que finalement ce sont des hommes blancs hétérosexuels que j'ai vu parler argent à l'Amsterdam Dance Event. Où sont les businessmen noirs, où sont les femmes qu'on entend chanter sur toutes ces chansons, où sont ces folles qui nous pondent des disques si tristes et plein d'énergie en même temps?

Beaucoup de DJs m'ont parlé de leurs tentative de booker des sets, de se mettre à produire des concerts, car le peu d'argent qui est gagné avec leur musique va à leur maison de disques. Mais ce n'est pas évident pour tout le monde: pour faire un bon disque, il faut aussi ne pas s'épuiser à jouer des disques la nuit loin de chez soi. Et puis faire des concerts, c'est aussi une charge financière qui n'est pas toujours rentable, loin de là. Quand on a fini de payer pour le matériel et les musiciens, il ne reste pas grand chose.

La ruée vers l'or

Mon impression de l'ADE, c'était la ruée vers l'or: « il y a plein d'argent à faire, et devenir DJ est le futur ». Sauf que dans l'histoire ceux qui en vivent le mieux sont comme ceux qui vendaient des pelles aux chercheurs d'or: Apple qui vend iTunes et ses lecteurs de musique, encore Apple qui vend du matériel pour produire les chansons du moment, une armée d'agents et d'avocats est là pour faire valoir vos droits, et encore plus d'intermédiaires en tout genre sont prêts à optimiser votre carrière pour qui a suffisamment d'euros ou de dollars.

Je ne veux pas jouer au marxiste matérialiste lesbien, mais pourquoi seuls des hommes blancs hétérosexuels (pour la plupart) de plus de 45 ans ont le pouvoir dans ce qui reste de l'industrie musicale? Pourquoi les DJs les plus ambitieux sont-ils des jeunes hommes blancs hétérosexuels (pour la plupart) avec un égo aussi énorme et un intérêt aussi peu développé pour la musique en soi?

Je pense que le futur de la musique est soit très noir, soit totalement étrange. Très noir, parce qu'il y a un risque que l'industrie recrée son monopole d'antan avec l'aide des opérateurs télécom et des États, et qu'une minorité vive d'un accès rendu compliqué à la musique. Totalement étrange, parce qui si ce système s'effondre encore, on va avoir une situation dans laquelle plein de gens vont faire de la musique gratuitement ou presque. Va-t-on se retrouver comme il y a plusieurs siècles, avec des guildes d'artistes vivant dans la famine, parfois aidés par de généreux donateurs?

Le futur de la musique est tout sauf assuré, d'une manière ou d'une autre. Je n'ai vu aucun modèle économique qui me paraisse viable à long terme, en tous cas pour les artistes, et surtout l'industrie de la musique n'a pas tenu sa promesse d'émancipation. Et ça, c'est le signe qu'elle a échoué, avant même d'être totalement morte.


vendredi 20 novembre 2009

N°9 Qui paie le plan "1000 caméras" ?



Au bout du compte : nous, citoyens. Techniquement : la préfecture de police annonce un budget sur 15 ans de 250 à 300 millions d’Euros (une fourchette basse, probablement), et la Ville de Paris prévoit de participer en exonérant la préfecture de police de la redevance d'occupation du domaine public (3,8 millions d'€/an) et en participant aux travaux de voirie (25 millions d’€), mais, indique l’adjoint au maire chargé de la sécurité, seulement pour « les caméras susceptibles de surveiller les abords immédiats des équipements municipaux et celles qui pourront être utiles à l'exercice des missions de la ville, notamment en matière de circulation routière ». Comment prévoit-il donc de distinguer ces dernières ?!? Du fait de la spécificité parisienne (nous avons une préfecture de police, contrairement aux autres villes), le Conseil de Paris vote chaque année le « budget spécial de la préfecture de police ». Un argument avancé par certains élus est qu’il ne pourrait pas s’abstenir de voter le budget pour le plan « 1000 caméras » car il sera compris dans ce budget spécial, comprenant par exemple celui des pompiers. Sachant que certains élus réclament depuis plusieurs années que ce vote du budget ne soit pas global...


jeudi 19 novembre 2009

N°8 La délinquance augmente-t-elle ?


D’après la préfecture de police, la délinquance de rue (ou « de proximité ») baisse continuellement à Paris depuis plusieurs années (-50%... sans caméras de surveillance). Mais ses chiffres reflètent d’abord l’activité policière. Selon la dernière enquête de l’IAURIF(5), la victimisation – autre façon de mesurer l’évolution de la délinquance » , a légèrement baissé en Ile de France, ainsi que le sentiment d’insécurité. En revanche, le sentiment d’insécurité sociale (chômage, pauvreté) augmente. Remplacer la présence humaine par des caméras est absurde. Investir dans des emplois de contacts et favorisant le lien social serait bien plus efficace et bénéficierait aux citoyens plutôt qu’aux seuls professionnels de la surveillance. Le plan « 1000 caméras prévoit 2500 agents pour visionner les écrans, et le loyer qui sera versé annuellement aux sous-traitants (6 millions d’Euros) correspond au coût de 200 emplois qualifiés...

mardi 17 novembre 2009

N° 7 L'évaluation de l'efficacité du plan "1000 caméras" est-elle prévue ?




– Non. Aucune ligne à ce sujet dans le projet et aucun budget non plus. Se sont donc plus de 300 millions d’Euros de fonds publics – nos impôts, qui seront dépensés, et en grande partie distribués à des entreprises privées, et ceci sans aucun contrôle de l’efficacité du dispositif. A l’heure où de nombreux budgets publics sont revus à la baisse, c’est pour le moins surprenant !


source : collectif démocratie et libertés

lundi 16 novembre 2009

N°6 Comment les images sont elles visionnées ?



– Un agent visionne plusieurs écrans à la fois. Il y a ainsi deux biais à la qualité de son travail : l’œil de l’agent tend à être attiré par « une gamme étroite de caractéristiques facilement repérables plutôt que par des comportements suspects » (2), et d’autre part son attention se relâche après 20 minutes. Ce qui réduit significativement la possibilité de réaction à un événement en cours, si tant est

qu’elle était envisageable !


source : collectif démocraties et libertés

dimanche 15 novembre 2009

N°5 Les caméras permettent -elles de lutter contre le terrorisme ?

Flore-Aël Surun / tendance floue


Londres est truffée de caméras (plus de 500 000), ce qui n’a pas empêché les attentats de 2005, en deux vagues à trois semaines d’intervalle. Et Scotland Yard concluait que l’enquête aurait abouti de la même manière sans les enregistrements des caméras. Il est aisé de comprendre pourquoi : les terroristes évitent les systèmes de vidéosurveillance, sauf à vouloir se montrer, et ce n’est pas en visionnant des écrans qu’on aurait une chance de repérer quoi que ce soit surtout quand on ne sait pas ce que l’on cherche !

« Protéger les Français contre le risque terroriste ? [...] Les attentats répétés contre des bâtiments publics (gendarmerie, perception, etc) en Corse, pourtant équipées de caméras de surveillance, semblent plutôt indiquer le contraire. », écrit Eric Heilman, dans « La vidéosurveillance, mirage technologique et politique »

... qui cite le rapport, non publié, de l’Inspection générale de l’Administration (IGA), « La surveillance et la lutte contre le terrorisme » d’août 2005, commandé à Ph.Melchior par le ministère de l’intérieur : « La lutte contre le terrorisme ne doit pas être un simple alibi pour équiper des secteurs entiers de l’environnement quotidien, sans réflexion approfondie sur l’utilité du dispositif. [...] aucune question ne doit être éludée, en particulier celle de la contribution réelle de la vidéosurveillance à la prévention des actes terroristes. [...] On voit moins nettement comment la simple présence de caméras peut empêcher d’agir un groupe de terroristes déterminés et prêts à mourir eux-mêmes. »


Source : collectif démocratie et libertés