Par Pierre Lauret, philosophe, membre d’Europe Ecologie
Le score national d’Europe Ecologie aux élections européennes a été un événement politique décisif, qui a fait naître dans notre pays un immense espoir.
L’opinion publique alertée par les scientifiques est de plus en plus préoccupée par les questions écologiques et leur urgence. Mais elle constate l’incapacité générale à y répondre par des décisions politiques claires.
La conférence de Copenhague a engendré une grande déception. La concurrence des intérêts a conduit à un résultat insuffisant : un accord sur la limitation de la hausse de la température globale, mais sans engagement ni objectifs précis à court comme à moyen terme. Bref, pour faire face aux problèmes environnementaux planétaires, il n’y a pas de gouvernance mondiale.
En France, on constate l’essoufflement du Grenelle de l’environnement. L’Etat n’impulse pas la dynamique pour concrétiser au niveau régional les engagements pris. Dans les discussions sur la taxe carbone, le patronat durcit ses positions au nom de la croissance et de la compétitivité. Avec la montée du chômage et l’arrivée massive de chômeurs en fin de droits, le développement durable risque de ne plus apparaître comme une priorité pour les salariés. Les régions restent des lieux importants d’action en faveur de l’environnement, mais elles sont elles-mêmes prises dans des jeux de pouvoir entre intérêts divergents.
Ainsi, à tous les échelons, de l’international au local, on rencontre les mêmes blocages : complexité des problèmes, âpreté des négociations, absence d’une appropriation démocratique du débat et des décisions. Ce qui manque, c’est à chaque fois une volonté politique qui impose l’urgence écologique comme une priorité.
Qui peut porter une telle volonté politique ? Au niveau international, tant que les gouvernements ne seront pas politiquement contraints de s’attaquer résolument à la crise écologique mondiale, il est vain d’espérer une gouvernance mondiale. Quant à en appeler à la société civile, aux mouvements sociaux, aux consommateurs et aux citoyens, c’est poser le problème à l’envers. Il ne s’agit pas de compter sur la société civile, mais de lui donner un vrai instrument d’expression et d’action.
La seule perspective de déblocage repose désormais sur la constitution de forces politiques nationales, dotées de la masse critique suffisante pour inscrire sur les agenda politiques nationaux et internationaux la priorité des problèmes écologiques. C’est pourquoi Europe Ecologie suscite tant d’espoir. Son score aux élections européennes a marqué l’acte de renaissance de l’écologie politique comme force politique effective en France. Les élections régionales doivent impérativement confirmer cette nouvelle force politique nationale, sans laquelle il n’y aura pas de vraie transformation écologique et sociale des régions. Entre le global et le local, le maillon décisif reste l’échelon national.
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