mardi 26 janvier 2010

L’enjeu des élections régionales

conférence de Copenhague

Par Pierre Lauret, philosophe, membre d’Europe Ecologie

Le score national d’Europe Ecologie aux élections européennes a été un événement politique décisif, qui a fait naître dans notre pays un immense espoir.

L’opinion publique alertée par les scientifiques est de plus en plus préoccupée par les questions écologiques et leur urgence. Mais elle constate l’incapacité générale à y répondre par des décisions politiques claires.

La conférence de Copenhague a engendré une grande déception. La concurrence des intérêts a conduit à un résultat insuffisant : un accord sur la limitation de la hausse de la température globale, mais sans engagement ni objectifs précis à court comme à moyen terme. Bref, pour faire face aux problèmes environnementaux planétaires, il n’y a pas de gouvernance mondiale.

En France, on constate l’essoufflement du Grenelle de l’environnement. L’Etat n’impulse pas la dynamique pour concrétiser au niveau régional les engagements pris. Dans les discussions sur la taxe carbone, le patronat durcit ses positions au nom de la croissance et de la compétitivité. Avec la montée du chômage et l’arrivée massive de chômeurs en fin de droits, le développement durable risque de ne plus apparaître comme une priorité pour les salariés. Les régions restent des lieux importants d’action en faveur de l’environnement, mais elles sont elles-mêmes prises dans des jeux de pouvoir entre intérêts divergents.

Ainsi, à tous les échelons, de l’international au local, on rencontre les mêmes blocages : complexité des problèmes, âpreté des négociations, absence d’une appropriation démocratique du débat et des décisions. Ce qui manque, c’est à chaque fois une volonté politique qui impose l’urgence écologique comme une priorité.

Qui peut porter une telle volonté politique ? Au niveau international, tant que les gouvernements ne seront pas politiquement contraints de s’attaquer résolument à la crise écologique mondiale, il est vain d’espérer une gouvernance mondiale. Quant à en appeler à la société civile, aux mouvements sociaux, aux consommateurs et aux citoyens, c’est poser le problème à l’envers. Il ne s’agit pas de compter sur la société civile, mais de lui donner un vrai instrument d’expression et d’action.

La seule perspective de déblocage repose désormais sur la constitution de forces politiques nationales, dotées de la masse critique suffisante pour inscrire sur les agenda politiques nationaux et internationaux la priorité des problèmes écologiques. C’est pourquoi Europe Ecologie suscite tant d’espoir. Son score aux élections européennes a marqué l’acte de renaissance de l’écologie politique comme force politique effective en France. Les élections régionales doivent impérativement confirmer cette nouvelle force politique nationale, sans laquelle il n’y aura pas de vraie transformation écologique et sociale des régions. Entre le global et le local, le maillon décisif reste l’échelon national.


dimanche 24 janvier 2010

Pour l'achat d'un baril de Beatles le deuxième est offert



the Jimi Hendrix Experience

Quel tombeau ma génération a t'elle profané pour endurer si grande malédiction ? Qu'avons nous fait de si grave pour être condamné à vénérer à jamais the Beatles ? Depuis ma naissance en 1974 les éditorialistes de tout poils m'intiment d'écouter avec révérence the Beatles. Il y a encore peu certains (certainement par soucis de renouvellement) s'interrogeaient sur les vertus comparées des Beatles et des Rolling Stones. Les Rolling Stones ne faisant décidément aucun effort ce match de quarante ans tomba en désuétude*. Si 2009 fut l'occasion pour le plus grand nombre d'acheter une énième fois les albums des Beatles, ce fut pour les éditorialistes l'occasion de rédiger pour la énième fois des dossiers anniversaire dans lesquels ils nous apprennent que le monde moderne fut créé l'année de leurs vingt ans...**


Ringo Starr

Pourtant chaque fois que je me retourne à la recherche d'un précurseur c'est sur Jimi Hendrix que je tombe. Si the Beatles ont posé les jalons de l'industrie de la pop musique, the Jimi Hendrix Experience a quant à lui fait voler en éclats les carcans du rock et a ouvert la voie à un free rock salutaire.


Larry Young "lawrence of Newark" 1973


*universal vient de racheter à EMI la discographie des Rolling Stones et publie des rééditions remasterisées. Qui s'en soucie ?
**Souffrant d'Alzheimer les inrockuptibles iront jusqu'à titrer leur hors série de novembre 2009 "les Beatles le groupe du siècle"

dimanche 17 janvier 2010

2009 : Trois labels, deux lives et une anthologie



Tony Allen & Jimi Tenor


Voilà dix ans le label strut faisait des petits miracles comme la publication d'un live de Larry Levan au paradise garage ou bien l'exhumation de petits trésors de la library music (music for dancefloors : cream of the Chappel sessions). Une telle audace fut vite récompensée par une belle noyade. Mais un rattrapage par le slip grâce aux berlinois de K7! changea le cour de l'histoire.


was (not was)

Aujourd'hui strut met les bouchées doubles. La valorisation du catalogue mutant de Ze records s'accompagne d'un DJ set du collectif horse meat disco.
La collaboration des Heliocentrics avec Mulatu Astatque est mise en perspective par une compilation du maître sur la période 1965-75. La réédition de la célèbre compilation Nigeria 70 est propulsée dans l'actualité par le volume d'inspiration information de Jimi Tenor & Tony Allen (qui soit dit en passant renvoie dans les cordes l'album du Batteur surproduit par world circuit).

horse meat disco

Voilà huit ans que le label Fabric publie des DJ sets à marche forcée, 50 à ce jour !
Pour la saison 2009 les mix de l'états-unien natif de Vienne John Tejada (44) et du californien Claude VonStroke (46) sont particulièrement remarquables.

John Tejada


Si John Tejada nous force le pas dans une angoissante ascension, c'est dans le seul but de nous faire partager des grooves qui ne poussent qu'à certaines altitudes. Loin des edelweiss, Claude VonStoke fait tonner une funk délurée (Lee Perry es tu là ?). Ce mix tout en muscles trouve sa résolution dans une prod du boss himself, le très fragile Aundy.


Claude VonStroke

Si Beauvalletkiller, qui est aussi astrologue à ses heure, ne nous avait pas fait savoir qu'il serai mal venu de moquer la flûte Andine. Nous aurions évoqué le mix du britannique Radio Slave (48) qui est également remarquable à bien des égards.


Ismael Rivera, Joey Pastrana, Kako, Rafael Cortijo, Santos Colon y Camilo Azuquita


Voilà sept ans que le label soundway traque le groove dans les plaines de partout et plus loin encore : hier le Ghana, le Nigeria, le Bénin, la Colombie et le Panama, aujourd'hui Haïti, la Martinique et la Guadeloupe. Inaugurée en 2007 la série Panama! se voit augmentée de deux volumes majeurs en 2009. Ces trois galettes viennent rendre justice à ce chaudron dans lequel les musiques afro-caribéennes venaient fusionner.
Avec la compilation Tumbélé ! soundway met en lumière les sixties de ces Antilles qui guettaient les lointains échos du continent africain pour les mettre au profit d'une parfaite synergie avec le continent sud-américain. chaud bouillant !


l'ensemble abricot


En 2009 le club d'Offenbach a entamé la publication de quatre lives at Robert Johnson. Le tout premier est un mix de Chloé où la house de Larry Heard côtoie le post punk d'ESG. les effets d'annonce et l'autosatisfaction n'y ont pas le droit de cité (beauvalletkiller danse encore).
Celui d'Ivan Smagghe fait oeuvre de magie en mêlant avec maestria disco, krautrock et techno. Et finit par cueillir l'auditeur la bouche encore ouverte, avec la grâce fébrile de dreiklangsdimensionen de Rheingold.

Chloé & Ivan Smagghe



Dix ans après une première compilation, le label Takamba revient sur l'oeuvre du poète Réunionnais et livre une intégrale augmentée de documents vidéos
Avec beaucoup d'efforts et de concentration on peut, peut être, ne pas se laisser envoûter.


Alain Péters

samedi 16 janvier 2010

2010