mercredi 7 janvier 2009

"Les armes sont inutiles, nous devons trouver le courage de parvenir à la paix"


         Par Daniel Cohn Bendit

Une interview parue dans le journal italien Il Messagero le 6 janvier 2009 sur la situation à Gaza en Palestine :

Monsieur Cohn-Bendit pensez-vous qu'une solution au conflit israélo-palestinien est encore possible à la lumière des faits actuels ? ...

Une solution existe aujourd'hui comme elle a toujours existé dans les années et les décennies passées. Cette solution ne réside que dans l'établissement de deux Etats, un Etat israélien et un Etat palestinien. Le problème est comment parvenir à cela, comment faire coexister deux états souverains et démocratiques qui se respectent réciproquement. Cet objectif ne peut être atteint que si Israël et la Palestine renoncent à une partie de leur grand rêve.


Cela signifierait renoncer à une grande partie de leurs territoires ?

Exactement. Renoncer à une partie de leur rêve, c'est renoncer à une partie de leur territoire. Nous ne pouvons pas nous obstiner à réduire la définition du sionisme à des lignes de démarcation qui résultent de 1947 ou de1963. C'est trop peu. Les Palestiniens doivent également comprendre que leur idée de nation ne peut pas se définir avec les seules lignes de démarcation, les territoires.

Le problème c'est que ces lignes de démarcation sont aujourd'hui violées par des missiles qui, depuis la bande de Gaza, touchent des villes israéliennes. Est-ce que la réaction d'Israël est légitime face à ces attaques ?

La question que nous devons nous poser, ce n'est pas tant la légitimité de la réaction israélienne. Je suis le dernier homme politique qui remettrait en question la légitimité de l'Etat d'Israël. Posons-nous plutôt la question du sens, de l'objectif des attaques israéliennes dans la bande de Gaza. Chaque guerre doit avoir un objectif, celui d'Israël est de garantir la sécurité de ses propres citoyens et de mettre fin aux tirs de roquettes. Avec cette guerre combinée avec d'autres éléments analogues dans le passé, la sécurité du peuple israélien n'augmente pas. Au contraire. Par conséquent, cette guerre est complètement inutile, c'est une folie.

Et quelles alternatives proposez-vous ?

Ce qu'est en train de faire Israël dans les territoires occupées et en particulier à Gaza aujourd'hui correspond à du colonialisme, de l'occupation. Comme le fit en son temps la France en Algérie. Israël est un pays démocratique qui ne peut pas dicter les lignes palestiniennes.

Faudrait-il alors dialoguer avec le Hamas ?

Le Hamas a été élu démocratiquement. Les élections -et tous le confirment- se sont déroulées de façon régulière et démocratique. Que cela plaise ou non, nous devons également dialoguer avec le Hamas. Il faut envisager un retrait complet de la bande de Gaza et l'intervention, durant une période de transition, d'une force de paix à laquelle doit également participé la ligue arable et pas seulement l'OTAN et l'Occident.

Mais actuellement qui pourrait jouer un rôle de médiation ?

L'UE est certainement affaiblie par la Présidence tchèque et oublions carrément le rôle que pourrait jouer Vaclav Klaus. Tous les autres grands leaders européens peuvent le faire. Bienvenue également l'initiative de Sarkozy même si sa principale motivation est de répéter le succès obtenu dans la crise géorgienne. J'ignore encore si les Etats Unies de Barak Obama et d'Hillary Clinton trouveront le courage d'abandonner la stratégie d'accuser toujours et uniquement le Hamas, les Palestiniens radicaux. C'est une impasse et il faut également prendre en considération qu'il y a d'une part 550 morts et de l'autre côté une dizaine.

 

 

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