Même si l'on met généralement l'accent sur l'aspect spirituel du mouvement rasta, c'était avant tout un mouvement politique noir radical.
Si le mouvement rasta parvint si sûrement à s'ériger comme porte drapeau des églises éthiopiennes du panafricanisme et du garveyisme, c'est que son credo était d'obtenir l'amélioration de la condition de la population noire en Jamaïque.
Le rasta s'opposait à toute forme de soumission. Il soutenait le regard de n'importe qui et n'hésitait jamais à faire valoir ses droits en tant qu'être humain.
Des trois apôtres du mouvement Rasta: Archibald Dunkley, Joseph Hibert et Leonard Percival Howell, les deux premiers restèrent à Kingston et se cantonnèrent dans une lecture afro-centrée des écritures pour Dunkley et un christianisme copte pour Hibert.
De son coté Howell partit dans les campagnes, où la culture d'insurrection était la plus développée, pour y prêcher un nationalisme noir radical.
Malgré ces divergences et contrairement au reste du mouvement de renouveau ethiopiste tous les trois étaient persuadés que Hailé Sélassié était le messie. Le schisme rasta était né.
En 1934 les rastas endossèrent le nom de nyahmen pour souligner le lien entre eux et les forces rebelles ougandaises nyabinghi. Face à ce mouvement la plantocratie prit peur. Au royaume unis, la menace que représentait cette alliance fut discuté à la chambre des commerces.
Les persécutions policières et judiciaires envers les rastas s'intensifièrent. Howell fut arrêté pour sédition et interné en hopital psychiatrique pour démence.
En janvier 1938 des ouvriers prirent le contrôle d'une plantation à st Thomas donnant naissance à une vague de grèves, manifestations, révoltes et de prises de contrôle des entreprises par les employés. Les docks furent fermés, les routes détruites, les récoltes anéanties et les propriétés pillées. L'armée dut être déployée pour rétablir l'ordre.
Au prix de la vie de nombreux manifestants, d'un grand nombre de blessés et de plusieurs centaines d'arrestations cette révolte obtint une législation sociale et un code du travail plus équitable, la reconnaissance officielle des syndicats et les bases du système bipartite Jamaïcain.
Bien que le mouvement rasta ne fut pas impliqué directement dans cette rébellion, le fait qu'elle débutât à st Thomas la paroisse de Leonard Howell ne doit rien au hasard.
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